L’intelligence émotionnelle : une compétence clé validée par la science (et pourtant négligée)
Boost de performance, leadership humain, IA plus forte que nous… En 2025, l’intelligence émotionnelle est plus que jamais au cœur des enjeux managériaux. Découvrez ce que dit la recherche, les tests validés, et pourquoi la former est un pari gagnant pour votre entreprise.
Qu’est-ce que l’intelligence émotionnelle (IE) ?
L’intelligence émotionnelle est la capacité à percevoir, comprendre, utiliser et réguler ses propres émotions — et celles des autres — pour guider ses pensées et ses actions. Elle repose sur une idée simple : savoir bien gérer les émotions est aussi (sinon plus) important que savoir bien raisonner.
Le concept a été formalisé par Salovey & Mayer (1990), mais c’est en 1995 que le concept gagne une visibilité mondiale grâce à Daniel Goleman, journaliste scientifique et psychologue, qui publie Emotional Intelligence: Why It Can Matter More Than IQ. S’appuyant sur les travaux initiaux de Salovey et Mayer, il popularise l’intelligence émotionnelle en la rendant accessible au grand public et au monde de l’entreprise. Son modèle en cinq dimensions — conscience de soi, maîtrise de soi, motivation, empathie et compétences sociales — est largement repris dans les formations en leadership. Le livre devient un best-seller mondial, traduisant un tournant : l’intelligence émotionnelle sort du champ académique pour devenir un levier concret de performance et de transformation managériale.
Les modèles reconnus par la recherche
La littérature distingue trois grands modèles de l’intelligence émotionnelle :
- Modèle par compétences (Goleman) : intègre l’intelligence émotionnelle dans des aptitudes comme la conscience de soi, la gestion des relations, ou l’adaptabilité.
- Modèle par traits (Petrides et Furnham, 2000) : l’intelligence émotionnelle est vue comme un ensemble de traits de personnalité émotionnels, souvent mesurés par auto-évaluation.
- Modèle par habiletés (Mayer, Salovey, Caruso) : définit l’intelligence émotionnelle comme une forme d’intelligence mesurable par des tests standardisés. C’est le plus robuste scientifiquement.
Le MSCEIT (Mayer–Salovey–Caruso Emotional Intelligence Test) est l’outil psychométrique central du modèle par habiletés. Conçu pour évaluer l’intelligence émotionnelle comme une forme d’intelligence cognitive, il se distingue des simples questionnaires d’auto-évaluation (comme ceux du modèle par traits) en proposant un test de performance.
Concrètement, le MSCEIT comprend 141 questions, réparties selon les quatre branches du modèle Ability EI :
- Percevoir les émotions (ex. : identifier l’émotion dans un visage ou une image)
- Utiliser les émotions (ex. : déterminer comment une humeur peut influencer la pensée)
- Comprendre les émotions (ex. : identifier les transitions émotionnelles ou combinaisons)
- Gérer les émotions (ex. : choisir les réactions émotionnelles les plus efficaces)
Ce test est noté objectivement grâce à deux méthodes principales :
- Scoring consensuel : la "bonne" réponse est celle choisie par la majorité d’un large échantillon normatif.
- Scoring expert : les réponses sont comparées à celles d’un panel de psychologues ou d’experts en émotion.
Le MSCEIT génère un score global d’intelligence émotionnelle, mais aussi des scores pour chaque branche et pour deux zones : IE expérientielle (perception + utilisation) et IE stratégique (compréhension + régulation).
Ce test est considéré comme scientifiquement robuste : il présente une bonne validité de construit, une fidélité élevée (alpha de Cronbach > 0,90) et une validité prédictive pour des variables telles que la qualité relationnelle, la prise de décision, le leadership ou la gestion du stress. Il est fréquemment utilisé dans les milieux de la recherche, du coaching de dirigeants, et dans certains processus RH avancés.
Ce que disent les recherches scientifiques
Les données sont solides : l’intelligence émotionnelle est corrélée à de meilleures performances professionnelles, à un leadership plus humain et à une meilleure santé mentale. Voici ce que montrent les dernières revues :
- Méta-analyse de 104 études : l’intelligence émotionnelle est liée à la cohésion d’équipe, à la satisfaction au travail et à l’efficacité managériale (PMC, 2023).
- Étude d’Aronsson et al. (2017) : un manque de soutien émotionnel au travail double le risque de troubles anxieux et de troubles du sommeil.
- Kelloway et al. (2004) : démontre le lien direct entre leadership toxique et burn-out.
- Revue de 2022 (Frontiers in Psychology) : les mesures d’intelligence émotionnelle les plus fiables reposent sur des tests d’aptitude plutôt que des questionnaires d’auto-évaluation.
L’intelligence émotionnelle… chez les intelligences artificielles
Fait surprenant : les IA modernes comme ChatGPT-4, Gemini ou Claude surpassent les humains aux tests d’intelligence émotionnelle.
- En 2025, une étude de l’Université de Genève a montré que les IA obtiennent 81 à 82 % de bonnes réponses, contre 56 % pour les humains aux tests standards.
- Ces modèles sont désormais capables de créer de nouveaux tests émotionnels crédibles, testés sur plusieurs centaines de personnes.
Cela ouvre la voie à des outils d’assistance émotionnelle pour les RH, la santé mentale, le coaching ou l’éducation.
Intelligence émotionnelle et performance : ce que font les meilleurs
Les entreprises et les leaders les plus performants n’ont pas seulement un QI élevé, mais aussi un haut QE (quotient émotionnel) :
- Selon le Global Culture Report 2025 (O.C. Tanner), les managers à forte IE retiennent 70 % de leurs talents pendant plus de 5 ans.
- Selon Daniel Goleman, l’intelligence émotionnelle expliquerait jusqu’à 85 % de la réussite des leaders, bien plus que le QI ou les compétences techniques.
- Pourtant, une étude mondiale menée par Six Seconds observe un déclin global de l’IE depuis 2019, qualifié de "récession émotionnelle". L’environnement VUCA (volatil, incertain, complexe, ambigu) n’aide pas.
Comment développer l’intelligence émotionnelle dans votre organisation ?
L’intelligence émotionnelle n’est pas une qualité "innée" figée. Elle se développe, comme un muscle. Voici les leviers les plus efficaces :
- Formations expérientielles (ex : mises en situation managériales émotionnelles)
- Coaching émotionnel (individuel ou collectif)
- Intégration dans les entretiens annuels et dans les processus de feedback
- Mesure régulière de l’IE des managers via des outils validés
Et maintenant ?
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